Au grand jour

" (...) Rayann regarda la fiche que lui avait donnée Louisa.
Une chambre, avec accès à la cuisine pour un tarif raisonnable. Le loyer pouvait être partiellement échangé contre des heures effectuées à la librairie en dessous. Son cœur bondit. Louisa ne s’était pas embarrassée de codes. Une écriture ferme et intrépide spécifiait qu’elle cherchait une femme indépendante, qui, de préférence, voudrait travailler à la librairie, ce qui exigeait des connaissances en littérature et en arithmétiques — dans cet ordre.
— Eh, dit vivement Rayann.
La femme, presque à la porte, se retourna vers elle.
— J’ai fait un an de comptabilité. Je connais l’alphabet, reprit-elle en souriant, la tête lui tournait. J’ai fait une fac d’art, mais j’étais en coloc avec une étudiante en littérature anglo-saxonne avant qu’elle ne change pour la psycho. Mais je lis des livres tout le temps. Elle finit de donner son CV avec une note d’espoir.
— C’est un passe-temps de plus en plus rare, répondit la femme sarcastiquement. Alors que la pâle lumière du soleil lui illuminait le visage, Rayann réalisa qu’elle était bien plus âgée qu’elle ne l’avait pensé.
— Je m’appelle Louisa Thatcher, dit-elle. (...) "

" (...) La chanson prit fin et les lumières sur la piste se rallumèrent légèrement. Rayann se détacha de Zoraida en la tenant par les avant-bras pour ne pas perdre l’équilibre. Elle ne savait pas si Zoraida se rendait compte à quel point elle était excitée, elle la regarda et vit que le désir de Zoraida reflétait le sien.
— Novia, murmura Zoraida. Rentre avec moi. On doit terminer cette danse dans un endroit plus approprié.
Rayann ferma les yeux et frissonna. Elle s’apprêta à dire oui — elle l’avait au bout des lèvres. Elle ouvrit à nouveau les yeux et, par-dessus l’épaule de Zoraida, elle vit Louisa.
Elle cilla. Louisa était toujours là et elle regardait maintenant dans leur direction. Puis Rayann vit un bras vêtu de cuir autour des épaules de Louisa.
— Novia ?
Rayann se força à porter son attention sur Zoraida. Elle avait été sur le point de dire quelque chose, mais quoi que ce fût, ça lui avait échappé complètement.
— Je suis désolée, j’ai vu quelqu’un que je connais.
Rayann jeta un nouveau coup d’œil à Louisa. Louisa leva les sourcils et sourit. (...) "

" (...) Rayann n’arrivait pas à se décider à se réveiller. Pendant de longues minutes, elle entrouvrit légèrement les yeux. La lumière du jour était agressive, mais elle persista, bien que son corps lui disait de se rendormir. — C’est le matin de Noël, j’ai l’impression d’avoir déjà ouvert tous mes cadeaux. — Elle entendait Louisa s’agiter dans la cuisine, probablement en train de préparer une tarte spécialement pour Tucker. Rayann avait envie d’appeler Louisa pour lui dire de revenir au lit, mais elle était trop comblée pour recommencer. C’était bien mieux de paresser entre les draps encore quelques minutes. (...) "

"Dans la tradition du roman d'amour lesbien, Kallmaker fait preuve d'originalité et aborde la question de la différence d'âge, ce qui est courageux et intéressant. Ce d'autant que de nombreux couples de lesbiennes peuvent y trouver un écho à leur propre histoire. De quoi réjouir toutes les lesbiennes ayant envie de récit amoureux, ce qui fait toujours du bien !"