Les Yeux de Zanele (ebook)

La musique affole mes sens. Subjuguée, je porte doucement à mes lèvres le verre que la serveuse vient de poser devant moi, sans quitter du regard cette femme aux grands yeux noirs. Son corps ondule au rythme de la musique, ses gestes sont d’une sensualité bouleversante flirtant parfois avec la vulgarité. Je suis complètement étourdie par ses mouvements, enivrée par son regard animal bien plus que par le verre d’alcool que je délaisse sur le comptoir. Elle danse pour me faire sombrer. Elle danse pour m’aliéner, ses yeux plongés droit dans les miens, explicites. Et mon corps déjà se soumet.
Je la désire. Je veux sentir sa peau contre la mienne, son sexe sous ma bouche et ses ongles dans ma chair. Un désir sauvage m’anéantit, mes pensées deviennent bestiales. Je suis la proie autour de laquelle elle approche en tournoyant ; je suis l’objet qu’elle s’approprie d’une main dominatrice. Je ne m’appartiens plus, je suis à elle. Possédée par son regard limpide. Happée par sa danse provocatrice. Je n’ai jamais vu une femme aussi prédatrice. (…)

(…) À quelle heure avez-vous quitté l’hôtel ?
— Quand je me suis réveillée, le lit était vide. Il devait être 7 h 30. Je ne l’ai pas entendue partir. Je suis rentrée chez moi prendre une douche et me changer et en venant au boulot vers 8 h 20, j’ai reçu un appel de Sandra : on avait une affaire.
— Tu connaissais le nom de la victime ?
— Non. Ni son adresse.
— À quel moment as-tu fait le lien ?
— Quand j’ai vu le corps étendu sur le sol.
Mes mâchoires se crispent. Ils attendent tous les deux que je me reprenne.
— Tu n’as rien remarqué de suspect dans son attitude ou dans les gens qu’elle a pu croiser à la soirée ? De la peur ? Des personnes trop proches ? Des regards insistants ?
— Rien, je… je suis désolée. J’aimerais pouvoir aider.
— On n’en est qu’au début de l’enquête, si des choses te reviennent, tu sais où nous trouver. (…}

(…)  La pratique n’est pas l’exclusivité du continent africain. Pire, elle se développe aux côtés des violences homophobes dans chacun des pays vantés pour leur démocratie, la protection des droits de l’Homme, la sévérité du système judiciaire ou l’efficacité des procédures policières : les États-Unis, les Pays-Bas, l’Espagne et même la France ne sont pas épargnés.
J’entrevois où veut me mener Nathalie Potier. Je referme le dossier sur ses atrocités et quand je rejoins mon lit tard dans la nuit, les yeux de Zanele viennent se superposer au noir envoûtant de ceux de Sylvie Marconnet. (…)

(…) Pari réussi pour ce premier roman qui (…) rappelle les univers gris et glauques de Patricia Cornwell ou Val McDermid.
À lire le cœur bien accroché.
Judith Silberfeld on Yagg.com - Décembre 2014

Naissance d'une auteure !
(…) Un polar dont on pourrait dire : « C’est du lourd ! » L’attente d’un nouveau livre, un compliment…
on Lalucarne.org - Décembre 2014