Ev Anckert

(…) Ses yeux mauves se posent sur Isabelle qui y reste accrochée, tandis qu’une main aux longs doigts s’enroule vigoureusement autour des siens. Son sourire dégage la même chaleur que ses yeux, un lac d’eau boréale où elle est seule au monde à ses côtés, quelque chose de paisible, de profond et de frais, la pierre et la soie mêlées. Isabelle cherche son souffle. Blonde, elle est fabuleusement blonde, avec des mèches cendrées de Norvégienne, de Danoise, de Suédoise, elle ne sait de quel pays nordique où les femmes sont blondes à la faire ramer. Sa bouche pulpeuse et gourmande, sans être lascive, sourit même quand elle ne sourit pas, un imperceptible rictus moqueur et attentif, amusé et curieux, avec deux rides légères aux commissures des lèvres, qui doivent s’ouvrir comme des fontaines quand elle rit aux éclats. Elle est grande, charpentée toute en muscles qu’Isabelle pressent sous le chemisier blousant savamment
entrouvert jusqu’à la naissance des seins.
Isabelle n’a pas assez d’yeux pour tout contempler. (…)

*

(…) Ev l’a senti à ce moment précis, cette superbe Québécoise à la crinière fauve lui appartenait déjà…
Elle relâche son souffle. Tout ou rien. Pas de sauterie d’un soir. Ce sera tout ou rien, elle le sait. « Complètement dingue… », marmonne-t-elle. Ev s’abandonne au néant. (…)

*

(…) Elle est belle, je te l’ai dit, fabuleuse serait mieux, envoûtante, excitante, séduisante, une voix grave et traînante, réservée ou prudente, je n’ai pas résolu la question, riche c’est sûr, ah! oui, éditrice te l’ai-je dit, mais surtout, l’essentiel, elle est ce que j’ai connu de plus impudique, de plus mouillant, de plus expérimenté, de plus totalement déchaîné sans retenue tout y passe, bref, ce que j’ai connu de mieux dans un lit. Je ne suis pas amoureuse, sois tranquille, ce serait catastrophique, juste accrochée d’aplomb par le fond de la culotte, si l’image te suffit pour comprendre ce que je veux dire. Et puis flattée, à toi je peux bien le dire, d’obtenir ses faveurs. (…)